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Chimioprévention du paludisme saisonnier : une stratégie à haut impact

La stratégie était au cœur d’une rencontre de haut niveau les 25, 26, 27 et 28 février 2025 à Lomé : la Chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS). Recommandée en 2012 par l’OMS comme une stratégie sûre et rentable pour compléter d’autres activités de lutte, telles que les mesures de lutte antivectorielle, le diagnostic rapide et le traitement des cas confirmés, la CPS fait ses preuves dans les zones d’interventions.

A ce jour, 19 pays mettent en œuvre la CPS en Afrique. Les régions concernées sont l’Afrique de l’Ouest, du Centre et de l’Est. Au Togo, la mise en œuvre concerne la zone nord du pays.

Deux ans après sa recommandation, un progrès notable a été observé. De 2 millions d’enfants à peu près couverts en 2014, les chiffres sont passés à environ 55 millions d’enfants couverts en 2024. Ceci, seulement en l’espace de 10 ans. « Ce n’est pas anodin parce qu’en général, les populations adhèrent les systèmes de santé et même les pays adhèrent quand ils voient des résultats. Si on a pu passer de 2 millions à 55 millions, c’est qu’il y a des résultats concrets sur le terrain », a commenté Dr André Tchouatieu de Medicines for Malaria Venture, organisation spécialisée dans la recherche et le développement pour les nouveaux médicaments anti paludiques. La CPS est une des interventions de santé publique qui aujourd’hui représente le meilleur rapport coût efficacité. « On évalue à environ 5 dollars par enfant pour les protéger, ce qui est une intervention très peu chère pour les résultats qu’on peut obtenir », a-t-il souligné.

Au Togo, la chimio prévention du paludisme saisonnier a démarré en 2013 avec la région des Savanes. « Progressivement, nous avons évolué de 19 à 23 districts depuis l’année dernière. Nous avons pu avec la stratification passée de quatre cycles à 5 cycles. Depuis lors, nous avons pu remarquer une baisse significative de la morbidité et de la mortalité dans les différentes formations sanitaires. Il y a eu une baisse de 4% de la morbidité dans les différentes formations sanitaires », a renseigné Dr Payakissim Atekpé, Coordonnateur du Programme national de lutte contre le paludisme.

Pour sa part, Christian Rassi, un des responsables de mise en œuvre de la CPS, a fait savoir qu’il est constaté à peu près 70% de réduction de cas de paludisme chez les enfants des zones couvertes par la CPS au Togo.

 

Selon Dr Kokou Wotobé, Secrétaire général du ministère de la santé, la lutte contre le paludisme est un défi sanitaire majeur, particulièrement préoccupant en saison de fortes pluies, avec un risque d’infection considérable. « C’est dans ce contexte que la CPS devient un outil stratégique essentiel de la réduction de l’incidence du paludisme en particulier chez les enfants de moins de 5 ans, qui sont les plus vulnérables », a-t-il affirmé.

Les avancées réalisées sont encourageantes, mais de nombreux défis subsistent. « Il nous appartient d’unir nos forces, d’échanger nos expériences et de mutualiser nos ressources afin d’accélérer notre marche vers l’élimination du paludisme d’ici 2030 », a suggéré Dr Amadou Diallo, Représentant résident par intérim de l’OMS au Togo, au cours la huitième réunion annuelle de l’Alliance de révision et de planification regroupant les parties prenantes de la Chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS) à Lomé.

Essentiellement, l’intervention couvre les enfants de trois mois à 5 ans. Mais de plus en plus, les pays commencent à considérer de couvrir la tranche d’âge au-dessus. Ce qui d’ailleurs constitue un défi puisqu’il faut faire désormais recours à d’autres sources de financement. A cela s’ajoute le défi de résistances aux antipaludiques. « Les médicaments utilisés pour la CPS aujourd’hui restent assez efficaces dans les pays où ils sont utilisés. Mais il n’est pas exclu qu’on arrive aux résistances parce que dans l’historique de tous les médicaments qui ont été utilisés pour le paludisme jusqu’à aujourd’hui, il y a toujours des résistances qui arrivent à un moment donné », informe-t-on.

En effet, « la chimioprévention du paludisme saisonnier est un principe selon lequel, pendant la période de fortes pluies dans les régions où la transmission est majoritairement saisonnières comme en Afrique subsaharienne, les enfants en bonne santé, reçoivent un médicament antipaludique pour maintenir dans leur sang une certaine concentration d’antipaludique qui ferait que même au cas où il serait piqué, le parasite ne pourrait pas se développer parce que arrivé dans le sang, il rencontrerait une certaine concentration de médicaments », a expliqué Dr André Tchouatieu.

 

En somme, la chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS) consiste en l’administration intermittente d’une dose curative de médicament antipaludique aux enfants à haut risque de paludisme grave vivant dans des zones de transmission saisonnière, qu’ils soient ou non infectés par le paludisme.

Atha ASSAN

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