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Les banques sud-africaines misent sur le capital hybride pour absorber leurs pertes

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(Agence Ecofin) – Face aux nouvelles exigences de la South African Reserve Bank, la Banque centrale sud-africaine, les six plus grandes banques du pays s’apprêtent à lever 360 milliards de rands (20,23 milliards $) d’ici 2030, via un outil financier complexe mais essentiel : le « Financial Loss Absorbing Capacity (FLAC) ». Ce dispositif, encore peu connu du grand public, pourrait pourtant changer la donne en matière de stabilité bancaire et éviter les interventions publiques. Explications.

Il n’y a pas si longtemps, lorsqu’une banque systémique se trouvait en difficulté à cause de pertes importantes, l’Etat intervenait avec l’argent des contribuables pour la sauver. Ce scénario, communément appelé « bailout », a été utilisé dans de nombreuses crises financières à travers le monde, à l’image de la crise de 2008. Mais aujourd’hui, le vent tourne. Les régulateurs cherchent à éviter que la nation arc-en-ciel, dont la dette publique tutoyait les 70% fin 2023, ne paie pour les erreurs des banques.

Le FLAC : un bouclier financier

Le « Financial Loss Absorbing Capacity » n’est ni plus ni moins qu’un coussin de sécurité. Un filet pour absorber les pertes d’une banque en difficulté, sans avoir recours à un plan de sauvetage public. Mais comment ce mécanisme fonctionne-t-il concrètement ?

Lorsqu’une banque fait face à des pertes massives, ses créanciers traditionnels, notamment ceux qui détiennent des instruments FLAC, voient leur dette convertie en actions. En clair, si la banque se retrouve en difficultés, les prêteurs deviennent actionnaires. Ce processus est appelé le « bail-in », l’inverse d’un « bailout » où c’est l’Etat qui intervient. L’idée derrière le FLAC est donc simple : en cas de crise, les pertes sont partagées entre les créanciers de la banque plutôt que de les faire reposer sur les épaules des contribuables.

Rien de nouveau sous le soleil : le FLAC est en fait un cousin du Total Loss Absorbing Capacity (TLAC), déjà en vigueur en Europe et aux Etats-Unis après la crise financière de 2008. Là-bas, les banques doivent lever l’équivalent de 18 % de leurs actifs pondérés par les risques sous forme de TLAC. Pourquoi ? Simplement pour qu’en cas de tempête financière, il y ait suffisamment de réserves pour éponger les pertes, sans avoir à recourir à l’argent des contribuables. Un modèle rodé donc que l’Afrique du Sud cherche à adopter pour renforcer son propre système bancaire.

En Afrique du Sud, le secteur bancaire est dominé par six géants – Absa, Standard Bank, FirstRand, Nedbank, Capitec et Investec – qui pèsent à eux seuls 90 % des actifs financiers du pays. Ce sont les « Too Big to Fail » sud-africains. Autrement dit, si l’une de ces banques rencontre des difficultés, les répercussions sur l’économie pourraient être importantes.

Malgré sa robustesse apparente, le système bancaire sud-africain n’est pas à l’abri de quelques faiblesses. Sa dépendance à la dette souveraine et ses relations avec des entreprises parfois fragiles sont des risques bien réels. 

La réforme sud-africaine, introduite par sa banque centrale suit les grandes lignes définies par les accords internationaux, particulièrement pour les Global Systemically Important Banks (G-SIBs). Ces institutions doivent détenir un minimum de 18 % de leurs actifs pondérés par les risques et 6,75 % de leur exposition totale sous forme de fonds capables d’absorber les pertes. La SARB, de son côté, s’aligne sur ces standards et cherche à introduire des mécanismes permettant aux banques locales d’émettre des instruments de dette capables de convertir des pertes en capital si nécessaire.

Prêts non garantis et absorption des pertes

Cependant, les banques sud-africaines, comme Absa, Nedbank ou Standard Bank, doivent désormais s’adapter à ce nouvel environnement. Et leur stratégie est claire : elles comptent transformer leurs prêts non garantis, qui sont habituellement des dettes classiques, en instruments FLAC. Ces prêts, dits « senior », arrivent à échéance et au lieu de les rembourser ou de les renouveler tels quels, les banques pensent les réémettre sous forme d’instruments capables d’absorber les pertes en cas de coup dur.

« Le plan est de convertir les obligations non garanties arrivant à maturité en nouveaux instruments FLAC capables d’absorber les pertes », a expliqué Constantinos Kypreos, vice-président senior chez Moody’s, dans un entretien à Bloomberg.

Absa Group et Nedbank ont déjà confirmé qu’elles adopteront cette approche pour respecter les nouvelles exigences réglementaires. D’autres banques comme Capitec, financées principalement par les dépôts de particuliers, se montrent plus prudentes, préférant émettre des FLAC distincts pour répondre aux exigences réglementaires. Investec et Standard Bank, quant à elles, affinent encore leur stratégie avec la Prudential Authority.

Moins de risques pour les contribuables, plus de pression pour les banques

Ce changement réglementaire, salué par Moody’s, est vu comme une protection majeure contre le risque systémique. Si une grande banque sud-africaine devait tomber, la Banque centrale a désormais le pouvoir d’activer le bail-in et d’éviter ainsi un renflouement coûteux. Un levier de sécurité qui, selon Moody’s, est une « avancée positive » pour le crédit des banques du pays.

Mais pour les banques, le défi reste de taille. Elles devront lever des fonds considérables d’ici 2030, avec un premier palier de 60 % des exigences FLAC à atteindre, d’ici 2027. Le capital réglementaire excédentaire des banques pourra partiellement être pris en compte dans les calculs, mais ces nouvelles obligations restent un poids à gérer.

Fiacre E. Kakpo



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