L’information n’attend pas

Au Sénégal, des étudiants n’ont toujours pas accès à leur campus trois mois après les émeutes

[ad_1]

Depuis le mois de juin, Eladia Sambou Samb a du mal à suivre les cours retransmis à distance sur Zoom ou Google Meet dans sa petite ville de Koungheul, à plus de 300 km de Dakar. « C’est compliqué de se concentrer dans la maison familiale, où il y a toujours du monde et des obligations. Et c’est encore plus difficile durant la saison des pluies, quand les averses créent des coupures d’électricité et font sauter ma connexion Internet », témoigne l’étudiant en troisième année à l’Ecole supérieure d’économie appliquée, rattachée à l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar (UCAD).

Comme environ 80 000 étudiants, il a dû quitter le campus le 2 juin, au lendemain de la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse ». Théâtre des affrontements, l’université avait vu ses bâtiments incendiés. Le conseil académique avait alors décidé que l’enseignement se ferait en ligne à la mi-juin. Les universités Assane-Seck, à Ziguinchor, et Gaston-Berger, à Saint-Louis, avaient elles aussi fermé leurs portes suite aux troubles. Mais si ces dernières doivent rouvrir lundi 9 octobre, l’avenir des étudiants de l’UCAD est encore incertain. Un conseil académique se réunit vendredi pour « évaluer la situation » afin de définir si les cours vont reprendre sur le campus.

Depuistrois mois, la débrouille et la solidarité s’imposent entre professeurs et étudiants. Les cours ont été mis en ligne par les enseignants sur une plateforme Internet. Le Collectif des amicales de l’UCAD, instance représentative des étudiants, a aussi distribué plus de 1 500 clés USB contenant les cours, ainsi que des polycopiés, sur tout le territoire sénégalais afin de toucher les étudiants qui n’ont pas accès à Internet. « Nous avons distribué gratuitement les clés USB aux représentants locaux des amicales, puis les étudiants venaient avec leur ordinateur pour copier les documents qui les concernaient. Ceux qui ne sont pas équipés pouvaient prendre les polycopiés », explique Modou Diagne, président de l’Amicale des étudiants de la faculté de sciences juridiques et politiques de l’UCAD.

« Punition »

Birane Cissé, étudiant en lettres modernes de 25 ans, avoue ne pas avoir souvent ouvert son ordinateur pour suivre ses leçons ces derniers mois. « Nous avons boycotté les cours, car tous les étudiants n’avaient pas un accès égal aux ressources en ligne, lance le jeune homme qui habite à Guédiawaye, en banlieue de Dakar. Même si c’est frustrant de ne pas étudier, j’en ai profité pour faire un peu de commerce. »

« Nous ne pouvons pas infliger une punition à tous les étudiants qui veulent travailler parce qu’une minorité d’entre eux ont cassé quelques bâtiments sur le campus », plaide David Célestin Faye, secrétaire général du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (SAES), qui demande que la prochaine élection présidentielle, prévue en février 2024, n’affecte pas la vie universitaire. « Nous avions déjà du retard dû à la fermeture de l’UCAD en juin 2022, avant les élections législatives. Les politiques doivent laisser l’université tranquille », s’agace l’enseignant en informatique.

Dans les faits, David Célestin Faye explique que l’enseignement à distance n’a pas bien fonctionné depuis le mois de juin. « Nous avons fait semblant de faire les cours en ligne, mais cela ne s’improvise pas. D’autant que nous avons pris du retard sur les travaux pratiques, qui ne peuvent pas se faire à distance », explique-t-il. Dans un communiqué, le syndicat exige la « réouverture immédiate de toutes les universités publiques pour une reprise des enseignements en présentiel et la sécurisation des personnes et des biens au sein des universités et écoles ».

Modou Diagne plaide pour une « réouverture complète » de l’université dès le 9 octobre. « Nous sommes inquiets car la moitié des étudiants de l’UCAD viennent de l’intérieur du pays, dit-il. Si les cours reprennent mais que le campus social n’est pas rouvert, où vont-ils loger ? La plupart d’entre eux n’ont pas les moyens de louer un appartement à Dakar. »

[ad_2]

Source link

Scroll to Top