L’ancien premier ministre italien et actuel président de l’Institut Jacques Delors, Enrico Letta, à Rome, le 9 janvier 2023. VINCENZO NUZZOLESE/SOPA IMAGES/SIPA
Le fonctionnement du marché unique, pierre angulaire de la construction européenne, est aujourd’hui mis à mal par la multiplication des aides d’Etat et les interventionnismes industriels nationaux. Comment le réinventer et l’adapter face à la concurrence croissante de la Chine ? Ancien premier ministre italien, Enrico Letta, actuel président de l’Institut Jacques Delors, a reçu, à la mi-septembre, un mandat européen pour rédiger un rapport sur le sujet. Dans un entretien au Monde, il ne dissimule pas ses inquiétudes.
Le marché unique est-il menacé de mort ?
Je lance un grand cri d’alarme. Le marché intérieur est au cœur de la construction européenne et de sa force, mais il traverse aujourd’hui un moment dangereux, pris en étau entre deux grands défis. Le premier vient de l’extérieur, avec l’essor des puissances chinoise et indienne, mais aussi avec l’Inflation Reduction Act [le grand plan américain pour financer la transition énergétique]. Les Etats-Unis n’ont jamais été aussi attentifs aux questions de compétitivité industrielle.
Le second défi est interne. Les trois années de crise que nous venons de traverser (Covid-19, guerre en Ukraine, crise énergétique) ont été surmontées grâce à des aides d’Etat, à des exceptions aux règles européennes et à des choix très nationaux, y compris dans la mise en œuvre concrète du plan de relance NextGenerationEU.
La construction européenne ne peut-elle pas changer d’ADN pour privilégier, par exemple, la solidarité plutôt que la libre circulation ?
L’essence même de l’Union européenne [UE], c’est l’élimination des frontières : elle ne doit pas changer d’ADN, mais le compléter. Et revenir aux sources.
Lorsqu’il a lancé le marché unique, au début des années 1990, le président de la Commission de l’époque, Jacques Delors, a aussitôt instauré la politique de cohésion et les fonds structurels, afin qu’il ne s’accompagne pas d’inégalités croissantes. Il faut aujourd’hui renforcer ce volet de convergence.
Est-ce à dire que l’UE n’a, jusqu’ici, pas été assez solidaire ?
Certaines de ses missions, vues jusqu’à il y a peu comme secondaires, sont revenues au premier plan lors de la législature d’Ursula von der Leyen, comme sa vocation industrielle.
Voilà pourquoi je suis aujourd’hui en quête d’une formule magique. A savoir, celle qui établira l’équilibre entre les libertés fondamentales du marché intérieur et la construction d’une véritable puissance européenne économique et industrielle. Le tout, en conservant le citoyen européen au cœur du projet.
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Vilkhivka, oblast de Kharkiv, mai 2022. ANTOINE D’AGATA/MAGNUM PHOTOS
« Un endroit inconvénient », de Jonathan Littell et Antoine d’Agata, Gallimard, 350 p., 21 €, numérique 15 €.
Une rue paisible, des façades « coquettes », des commerces, puis, « tout à coup », une maison éventrée. Plus loin, des arbres arrachés, des carcasses de voitures, un morceau de tôle qui grince dans le vent. Ou cette cave, qui garde les marques des viols à répétition commis par les soldats russes sur plusieurs femmes et de l’assassinat de l’une d’elles, retrouvée après leur départ « la tête éclatée, les jambes et le ventre tailladés au couteau ».
En mai 2022, l’écrivain Jonathan Littell et le photographe Antoine d’Agata sont à Boutcha, dans la périphérie de Kiev, pour « M Le magazine du Monde ». Ils ont en main le plan, que vient de publier le New York Times, des tueries commises par les forces russes quand elles occupaient la ville, du 27 février au 31 mars. Selon le procureur général d’Ukraine, les corps de 637 civils ont été exhumés, soit 12 % de la population restée sur place après le début de l’agression russe, le 24 février. La vie reprend avec une étrange douceur, mais la déflagration du crime ressurgit partout pendant que les deux hommes avancent dans les rues. Textes et images mêlés, Un endroit inconvénient, le livre qu’ils ont tiré de ce reportage et d’autres, en constitue un glaçant relevé topographique.
Jonathan Littell observe et écoute, recueille des témoignages, les recoupe, les interprète, les replace dans les lieux qu’il arpente. Antoine d’Agata, à son côté, saisit un visage, le geste d’une femme qui raconte, une tombe ouverte, une salle de torture, des corps jetés au sol. Par son art de l’apparition brute – plans serrés, denses, lumière basse, comme piégée par les corps et les matières –, le photographe invente un langage visuel aussi efficace à mettre au jour la réalité concrète de la guerre que l’est la langue précise, martelée, obsessionnelle de Littell.
Mais il partage aussi avec lui l’impuissance du témoin venu trop tard. Un sentiment d’éloignement irrémédiable qui traverse ce livre ardent et précautionneux, où accepter de rester sur le seuil d’une horreur inimaginable devient une méthode d’investigation. Laquelle était déjà au cœur du projet qui les avait d’abord entraînés en Ukraine. C’était début 2021. Sur la suggestion d’un ami, Jonathan Littell décidait d’écrire un livre sur Babi Yar, dans le nord de Kiev, où, du 29 septembre 1941 à la fin de l’occupation nazie de la ville, en novembre 1943, 100 000 personnes, aux deux tiers juives, furent assassinées par les Allemands avec l’aide d’auxiliaires ukrainiens.
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Un rude combat s’annonce dans les discussions à venir sur une directive européenne majeure pour défendre les droits des femmes. Chaque année, plus de 100 000 viols sont enregistrés dans l’Union européenne (UE), selon l’Insee ; il est donc plus qu’urgent de protéger toutes les femmes victimes et d’en sanctionner les auteurs.
Dans l’Union européenne, une femme sur vingt a été victime de viol, explique la Commission européenne. Rien qu’en France, au moins dix femmes sont victimes chaque heure d’un viol ou d’une tentative de viol, d’après les chiffres de l’Observatoire national des violences faites aux femmes. L’adoption d’une loi au niveau européen pour lutter contre les violences faites aux femmes, et notamment le viol, était donc non seulement nécessaire mais également urgente.
La Commission européenne a donc proposé une législation ambitieuse le 8 mars 2022, à l’occasion de la Journée internationale du droit des femmes. Ce texte, amendé par le Parlement, vise à donner, dans l’ensemble de l’Union européenne, une définition de certaines formes graves de violences qui touchent principalement les femmes. C’est le cas du viol, des mutilations génitales féminines, du cyberharcèlement, du partage non consenti d’images intimes ou encore du mariage forcé, dont l’inclusion dans le texte a été soutenue par le Parlement européen.
Une forme d’impunité
En plus d’une définition commune, la législation vise à harmoniser les sanctions au niveau européen afin que les auteurs de violences ne puissent bénéficier d’une forme d’impunité selon l’Etat dans lequel ils se trouvent.
Enfin, cette directive européenne instaure des mesures de protection pour les femmes victimes de violences en obligeant les Etats membres à mettre en place des dispositions d’accompagnement global, allant de la mise à l’abri au soutien judiciaire.
Le 9 juin, les représentants des Etats membres au Conseil ont, à leur tour, adopté leur position sur cette directive. A cette occasion, le ministère français de la justice s’est félicité, par la voie d’un communiqué de presse, d’être parvenu à « une approche ambitieuse et équilibrée » permettant de « renforcer les législations notamment pénales des Etats membres ».
Pourtant, contrairement à la Belgique, l’Italie, la Grèce et le Luxembourg, la France comme une majorité d’Etats membres ont souhaité exclure le viol de cette première loi européenne de lutte contre les violences faites aux femmes. Ni définition commune, ni sanction commune, ni protection commune. Rien.
Volte-face
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Après trois décennies d’existence, la république autoproclamée de l’Artsakh [Haut-Karabakh] a sombré. A la suite d’une guerre victorieuse, à l’automne 2020, puis d’un long blocus, le président azerbaïdjanais, IlhamAliev, vient de porter l’estoc à cette république sécessionniste, qui revient dans les frontières internationalement reconnues de l’Azerbaïdjan. D’ores et déjà, la majorité des populations de cette région, historiquement et démographiquement arménienne, a fui vers la mère patrie.
On peut, à juste titre, crier à la trahison de Moscou, dont la force d’interposition n’a pas fait respecter les termes du cessez-le-feu, la brève offensive azerbaïdjanaise des 19 et 20 septembre n’ayant rencontré aucune opposition russe. Faut-il y voir la volonté de punir le gouvernement arménien, trop démocratique et tourné vers l’Occident, et de s’assurer les faveurs de Bakou ?
Outre les relations politico-mafieuses que des factions russes cultivent sur place, la bonne volonté de l’Azerbaïdjan conditionne en effet divers projets d’axes logistiques nord/sud, entre la Russie et l’Iran, en direction du golfe Arabo-Persique et de l’océan Indien. Par ailleurs, les forces armées russes sont accaparées par la guerre en Ukraine, et Moscou n’a plus les moyens de contrôler le Caucase et, à l’est de la Caspienne, l’Asie centrale.
Pour autant, les puissances occidentales auraienttort de céder à la satisfaction, face à ce qui ressemble à un affaiblissement de la Russie. D’abord, parce que cela n’est peut-être que temporaire : le retrait russe dépendra du sort des armes en Ukraine et donc de la constance dans le soutien à Kiev. L’offensive de Bakou marque l’échec diplomatique de Paris et de Washington, qui avaient tenté d’arracher des garanties pour les Arméniens du Haut-Karabakh. Sur le terrain, la force brute aura prévalu.
Prévenir l’extension du chaos
Au-delà, il est à craindre que les ambitions géopolitiques azerbaïdjanaises ne se limitent pas à la région du Haut-Karabakh. De fait, Aliev, avec le soutien de son allié turc, revendique haut et fort l’ouverture d’un axe de circulation, le corridor de Zanguezour, dans le Siounik, c’est-à-dire le sud de l’Arménie. L’enjeu est de relier l’Azerbaïdjan à l’enclave du Nakhitchevan, sous la souveraineté de Bakou.
Le choix du terme « corridor » par Bakoun’est pas anodin. L’idée serait de contrôler cet axe de circulation, ce qui signifierait une perte de souveraineté d’Erevan sur le sud de l’Arménie. Vue d’Ankara, cette jonction territoriale ouvrirait une liaison directe entre la Turquie, le bassin de la Caspienne et l’Asie centrale : une géopolitique altaïque sur fond de panturquisme. Il faut aussi mentionner les convoitises sur l’Arménie orientale, considérée par certains comme un Azerbaïdjan occidental.
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Cette photographie diffusée par l’armée indienne et prise le 4 octobre 2023 montre une rue inondée dans la vallée de Lachen, dans l’Etat indien du Sikkim, à la suite d’une crue soudaine causée par des pluies intenses. – / AFP
Au moins 23 soldats sont portés disparus à la suite de crues subites dans une vallée de l’Himalaya, dans le nord-est de l’Inde, a annoncé, mercredi 4 octobre, l’armée. « A cause de précipitations soudaines au Lac Lhonak, dans le nord de l’Etat de Sikkim, des crues subites se sont produites sur la rivière Tista (…) 23 soldats sont portés disparus » et des véhicules ont été submergés, ont précisé les forces armées dans un communiqué. « Des recherches sont en cours », ont-elles ajouté.
Cette région montagneuse et isolée de l’Himalaya se trouve près de la frontière de l’Inde avec le Népal. Le lac Lhonak est situé au pied d’un glacier proche du Kangchenjunga, troisième sommet le plus haut au monde. En raison d’un barrage en amont qui avait déchargé de l’eau précédemment, le niveau de la rivière Tista était 4,50 mètres plus élevé que la normale, a déclaré l’armée indienne.
Une vidéo publiée par un porte-parole de l’armée montre un torrent brun se déverser dans une vallée plantée de forêts, passant sur des routes et emportant des lignes électriques sur son passage. Sur d’autres images partagées par l’armée on voit des immeubles submergés jusqu’au premier étage dans une ville avec la pointe d’une petite grue de chantier qui émerge de l’eau.
Le ministre en chef de l’Etat, Prem Singh Tamang, s’est déplacé dans la ville de Singtam, en aval du site du désastre, et a été montré en train de s’entretenir avec des responsables locaux sous un parapluie, par les médias locaux.
Les inondations et les glissements de terrains sont relativement fréquents en Inde et causent de nombreux dégâts, notamment pendant la période de la mousson, qui court de juin à septembre. Mais en octobre le gros de la mousson est d’habitude passé.
Les experts expliquent que le changement climatique rend ces désastres plus fréquents et plus importants. La fonte des glaciers augmente également le volume des cours d’eau, tandis que les constructions non réglementées dans les zones sujettes aux inondations peuvent aussi aggraver les dégâts.
Les glaciers himalayens fondent plus rapidement que jamais en raison du changement climatique, exposant les habitants à des catastrophes imprévisibles.
Les glaciers ont fondu à une allure 65 % plus rapide entre 2011 et 2020, par rapport à la décennie précédente, selon un rapport publié en juin par le Centre international pour le développement intégré des montagnes (ICIMOD).
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Sur la base des trajectoires actuelles d’émissions, les glaciers pourraient perdre jusqu’à 80 % de leur volume actuel d’ici à la fin du siècle, selon le rapport.
Le Républicain Kevin McCarthy (au centre), quitte le Capitole après son éviction du poste de speaker de la Chambre des représentants, à Washington, le 3 octobre 2023. J. SCOTT APPLEWHITE / AP
Le républicain Kevin McCarthy a été écarté, mardi 3 octobre, du poste de speaker de la Chambre des représentants des Etats-Unis après le vote d’une motion de censure émanant de son parti, déposée par l’élu trumpiste de la droite dure américaine, Matt Gaetz. Lors d’un débat suivi d’un vote inédit depuis plus d’un siècle dans l’histoire parlementaire américaine, 216 élus, dont 208 démocrates et 8 républicains, ont voté pour l’éviction de M. McCarthy – 208 républicains ont voté contre.
Aussitôt après ce résultat sans précédent, un Kevin McCarthy malgré tout souriant a été entouré par des membres de son parti, qui lui ont donné l’accolade et lui ont serré la main.
« Et maintenant, qu’est-ce qu’il se passe ? », a crié dans la chambre un élu républicain au moment de l’annonce du résultat. Un administrateur a annoncé que le représentant Patrick McHenry, de Caroline du Nord, était nommé speaker par intérim en vertu d’une loi votée après les attentats du 11 septembre 2001 pour prévoir une procédure en cas de vacance de ce poste à la Chambre. La session parlementaire a ensuite été suspendue.
Le président Joe Biden a appelé dans la soirée les élus de la Chambre à élire rapidement un nouveau chef, face aux « défis urgents » auxquels font face les Etats-Unis.
« C’est dans l’intérêt de ce pays que nous ayons un meilleur speaker que Kevin McCarthy », a lancé de son côté, après le scrutin, Matt Gaetz, l’élu à l’origine de cette destitution. « Personne ne [lui] faisait confiance, a-t-il ajouté. Kevin McCarthy avait fait de nombreuses promesses contradictoires ».
Cet élu de Floride reproche principalement à Kevin McCarthy d’avoir négocié avec les élus démocrates un budget provisoire pour financer l’administration fédérale, auquel s’opposaient de nombreux conservateurs. Il accuse aussi le ténor républicain d’avoir conclu un « accord secret » avec le président des Etats-Unis, Joe Biden, sur une possible future enveloppe pour l’Ukraine. Or l’aile droite du Parti républicain s’oppose vivement au déblocage de fonds supplémentaires pour Kiev, estimant que cet argent devrait plutôt être utilisé pour lutter contre la crise migratoire à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.
Qu’importe que l’immense majorité du groupe parlementaire de Kevin McCarthy l’ait publiquement soutenu : les trumpistes disposaient d’un veto de fait à la Chambre compte tenu de la très fine majorité républicaine dans cette institution.
Le président de la Chambre des représentants se voulait confiant face à cette épreuve de force : « Je pense que je vais tenir le coup », déclarait ainsi Kevin McCarthy quelques heures avant l’examen de la motion de censure. Pour se sortir de cette impasse, le quinquagénaire a tenté d’utiliser une série de manœuvres procédurales, appelant, entre autres, à ajourner l’examen de la motion de destitution. Mais ces tentatives ont toutes échoué. Au final, sa destitution est inédite : aucun speaker n’a jamais été évincé de son poste dans l’histoire des Etats-Unis.
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Kevin McCarthy ne pouvait pas compter sur le fait que les démocrates viennent à sa rescousse avec leurs voix. « C’est au Parti républicain de mettre fin à la guerre civile des républicains à la Chambre », a tranché le chef des démocrates à la Chambre, Hakeem Jeffries, dans une lettre à l’issue d’une longue réunion avec son groupe parlementaire. Il avait exhorté les membres de son parti à voter en faveur de la motion de destitution et a été entendu.
« Les raisons de laisser les républicains gérer leurs propres problèmes sont innombrables. Laissons-les se vautrer dans la fange de leur incompétence et de leur incapacité à gouverner », avait de son côté lancé, implacable, l’élue progressiste Pramila Jayapal.
« Pourquoi les républicains passent-ils leur temps à se disputer entre eux ? », s’interroge Trump
Signe des désaccords qui déchirent les républicains, les élus conservateurs se sont succédé dans l’hémicycle pour plaider pour et contre Kevin McCarthy. « Nous sommes au bord du précipice. Il ne nous reste que quelques minutes pour revenir à la raison et nous rendre compte du grave danger », avait exhorté avant le vote l’élu républicain Tom McClintock. Si la motion de destitution passe, « la Chambre sera paralysée », « les démocrates se délecteront des dysfonctionnements républicains et la population sera révulsée, à raison », avait-il lancé.
Son collègue Tom Cole avait, lui, mis en garde contre le « chaos » dans lequel la Chambre et les républicains seraient plongés si M. McCarthy était destitué. « Le chaos, c’est le président McCarthy », a répliqué Matt Gaetz.
Ces luttes intestines étalées au grand jour ont fait réagir l’ex-président républicain Donald Trump. « Pourquoi les républicains passent-ils leur temps à se disputer entre eux, pourquoi ne combattent-ils pas les démocrates de la gauche radicale qui détruisent notre pays ? » a-t-il écrit sur sa plate-forme Truth Social.
Kevin McCarthy, 58 ans, pourrait-il tenter de revenir à son poste ? L’hypothèse n’est pas farfelue car il est en droit de se porter de nouveau candidat. Mais il avait déjà été élu au forceps en janvier, en raison de la très mince majorité républicaine. Pour accéder à son poste, il avait dû faire d’importantes concessions avec une vingtaine de trumpistes, parmi lesquelles la possibilité que n’importe quel élu ait le pouvoir de convoquer un vote pour le destituer. La menace s’est concrétisée mardi.
Des affiches du président égyptien Abdel Fattah al-Sisi lors d’un rassemblement pour soutenir sa candidature aux élections présidentielles de décembre, sur la place Al-Galaa, à Gizeh (Egypte), le 2 octobre 2023. AMR ABDALLAH DALSH/REUTERS
C’est la fin d’un non-suspense. Le chef d’Etat égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, s’est porté candidat, lundi 2 octobre, à l’élection présidentielle de décembre, pour « réaliser le rêve d’un nouveau mandat ». Il en a fait l’annonce, à l’issue d’une conférence de trois jours intitulée « Histoire de la nation ».
Il s’agissait d’une simple formalité. Le chef de l’Etat sortant était déjà en campagne depuis des mois : à chacune de ses apparitions publiques, il faisait l’éloge de son bilan depuis son accession au pouvoir, en 2014. Et depuis l’annonce, la semaine dernière, de la date du scrutin, qui se tiendra du 10 au 12 décembre, les manifestations « spontanées » en son honneur se sont multipliées. Elles ont culminé, lundi, avec la mobilisation de milliers de ses partisans dans le centre du Caire et le défilé de felouques à son effigie sur le Nil.
Lors de ce rassemblement, des affiches arboraient le slogan « Oui à la stabilité de l’Egypte », que le président assure incarner, y compris auprès de ses soutiens occidentaux. Dans son discours de candidature, adressé au « grand peuple d’Egypte », Abdel Fattah Al-Sissi a fait vibrer la corde patriotique. Il est revenu sur l’année 2013, où « nous avons (…) récupéré notre chère Egypte des griffes du groupe des ténèbres et de la trahison », une allusion au mouvement islamiste des Frères musulmans, aujourd’hui banni au Caire. Le président issu de leurs rangs, Mohamed Morsi, avait été destitué par l’armée en juillet 2013, après d’immenses manifestations. Ce n’est pas un hasard si M. Al-Sissi revient sur ce moment charnière, dix ans plus tard : le renversement de son prédécesseur lui avait valu une forte popularité au sein de toute une partie de la société. Elle s’est ensuite estompée au fil des ans en raison des difficultés économiques que connaît l’Egypte.
Des critiques sur les réseaux sociaux
En se posant en artisan du « processus de survie de l’Etat », le candidat a affirmé vouloir « travailler » à offrir une « vie décente » aux Egyptiens, empruntant ainsi le nom d’un programme de lutte contre la pauvreté en cours. Les grands travaux d’infrastructure qu’il a lancés au cours de ses deux premiers mandats sont dénoncés par les opposants et des économistes : ils estiment qu’ils ont siphonné les caisses de l’Etat et fait tripler la dette qui étrangle aujourd’hui l’Egypte.
Alors que le pouvoir impute l’inflation aux conséquences de la guerre en Ukraine, M. Al-Sissi avait intimé, samedi, aux Egyptiens, de « ne pas dire qu[’ils] préfér[ent] manger plutôt que construire et progresser ».« Si le prix du progrès et de la prospérité est d’avoir faim et soif, ne mangeons pas et ne buvons pas », a-t-il ajouté. Ces déclarations ont suscité une vague de critiques inhabituelles sur les réseaux sociaux, où les Egyptiens, de peur d’être arrêtés par la police, mesurent d’ordinaire leurs propos. Lundi soir, le déploiement de banderoles en faveur d’Al-Sissi dans la ville de Marsa Matrouh, sur la côte méditerranéenne, a été accueilli par des sifflets et des huées.
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Des partisans de Jair Bolsonaro avaient envahi le palais présidentiel, le 8 janvier 2023, pour protester contre la victoire de Luiz Inacio Lula da Silva. ERALDO PERES / AP
La Cour suprême du Brésil a condamné à de lourdes peines, lundi 2 octobre, trois partisans de l’ex-président d’extrême droite, Jair Bolsonaro, pour tentative de coup d’Etat lors des émeutes de Brasilia, en janvier.
Au terme d’un procès d’une semaine devant les onze juges du Tribunal suprême fédéral, Moacir José dos Santos, 52 ans, a été condamné à dix-sept ans de prison. Joao Giffoni, 26 ans, et Davis Baek, 42 ans, ont pour leur part été condamnés à douze et quatorze ans de prison respectivement. La Cour a également condamné les trois accusés à une amende de 30 millions de reais (5,7 millions d’euros) chacun.
Les manifestants avaient envahi le palais présidentiel, le Parlement et la Cour suprême, dans des scènes qui ont rappelé l’assaut du Capitole à Washington par des partisans de Donald Trump, le 6 janvier 2021. Les dégâts avaient été considérables, avec la destruction d’œuvres d’art d’une valeur inestimable dans les bâtiments futuristes dessinés par l’architecte Oscar Niemeyer.
Le juge rapporteur, Alexandre de Moraes, a estimé que Moacir José dos Santos faisait partie d’un « groupe criminel » qui cherchait « la rupture institutionnelle au moyen d’un coup d’Etat, d’une intervention militaire et de la fin de l’Etat de droit démocratique ». L’accusé a été condamné pour l’ensemble des crimes qui lui étaient reprochés, dont ceux de « coup d’Etat » et d’« abolition violente de l’Etat de droit démocratique ».
En septembre, lors du premier procès des émeutes, trois autres personnes avaient été condamnées à des peines allant de quatorze à dix-sept ans de prison.
Au total, le parquet brésilien a déjà engagé des poursuites contre 232 personnes et les investigations continuent pour démasquer les « cerveaux » du complot et déterminer les responsabilités au sein de la police et de l’armée. Jair Bolsonaro, qui se trouvait aux Etats-Unis le 8 janvier, est sous le coup d’une enquête visant à découvrir s’il a joué un rôle d’instigateur des violences. Il nie catégoriquement toute implication.
The past two years of increased waning affection between France and Morocco has to come to an end. It is now time for anxious questioning, both in Rabat and in France. How can the escalation of animosity between the two capitals, once united in “exceptional partnership,” a model of post-colonial collusion, be halted? Each time there’s a glimmer of respite, acrimony flares up once again. The terrible human toll – around 3,000 dead and 5,600 injured – of the earthquake that struck the High Atlas mountains on September 8 should, in all logic, have calmed tempers. The opposite has happened: the rift between the two countries has only deepened. After the wave of anti-French sentiment in West Africa, will Morocco be the next domino to fall?
“Why King Mohammed VI irritates the French state so much,” was the headline on September 20 in the online newspaper Le360– which has close ties with the Elysée – in an attack against the French media’s coverage of the earthquake, which it deemed “hysterical” and which, in its view, could only have been engineered from the Moroccan palace. France, both the authorities and the media, is said to be seeking revenge on the kingdom for its “independence from the former colonial power,” and in particular for its “sovereign” decision to accept offers of assistance from only four countries – Spain, the United Kingdom, Qatar and the United Arab Emirates – while ignoring Paris.
In Morocco, certain televised debates that were aired in Paris with bizarre titles – “Can Morocco cope without French assistance?” – were certainly shocking. The regime’s propaganda did not shy away from using these paternalistic overtones to disqualify the entire French press. It described it as a hostile unit (“a mob,” which was “insulting” the Moroccan monarchy) because it was apparently asking too many questions about the delays in rescue operations on September 9, as well as about Mohammed VI’s reaction. Furthermore, when French President Emmanuel Macron expressed the desire for “divisive controversies to be silenced,” he unwillingly only intensified the dispute. His clumsy video message, addressed “directly to Moroccan men and women” – with Arabic subtitles – was seen as a breach of protocol “defying the king,” the kingdom’s media criticized.
Who could have imagined that a natural disaster could slide into such bitterness? Did the Franco-Moroccan relationship really need to become so heated? Is its two-way ground such a minefield that each official gesture or press article – the object of suspicious, or even paranoid, interpretation in Rabat – sparks a new cycle of controversy as if in a downward spiral? So what had happened between the two capitals to cause the famous Le360, an outlet linked to Mounir Majidi – the King’s private secretary – to radicalize its personal attacks on Macron on September 21, in the form of an article entitled “Part man, part woman but he admits nothing: Who is Emmanuel Macron really?” and filled with allusions to an alleged homosexuality?
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