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Entre incertitudes et opportunités, comment la BIDC fait-elle son chemin pour répondre aux exigences de l’après-Covid-19


(Agence Ecofin) – Après la crise de la Covid-19, la BIDC, forte de sa Stratégie 2025, envisageait une solide relance pour la sous-région. Deux ans après, face à des défis croissants, quel état des lieux pour la BIDC ?

« La Banque s’est efforcée de se démarquer dans la sous-région, conformément à sa stratégie 2025… Il lui appartient désormais de consolider les gains qu’elle a réalisés dans tous les domaines en 2021, tout en gérant prudemment les pressions sociales, politiques et économiques au niveau mondial et dans la sous-région, afin de produire un impact significatif dans la zone ». 

Ces propos de Romuald Wadagni, ministre de l’Economie et des Finances du Bénin et président du Conseil des gouverneurs de la BIDC pour l’exercice 2021, soulignent bien le défi qui attendait la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC) au sortir de la pandémie. 

Alors que le monde traverse une phase de récupération et de réajustement, la BIDC se trouve à un carrefour, tenant entre ses mains non seulement les aspirations de son ambitieuse Stratégie 2025, mais aussi les espoirs de la sous-région ouest-africaine pour un rebond post-Covid. Et bien qu’elle soit confrontée à un contexte socio-politique et sécuritaire tendu, elle est restée solide, voire se porte mieux. C’est ce que démontrent les deux premiers exercices de son plan stratégique, qui coïncident d’ailleurs avec l’après-Covid.

Dynamique en marche

Au lendemain de la crise sanitaire, la Banque a entamé l’année 2021 avec vigueur. Cette année-là, elle a approuvé 24 nouveaux projets pour un montant de 709,1 millions $, dépassant l’objectif de 240 millions $ prévu dans le cadre de sa Stratégie 2025 pour cette année. Elle a maintenu cette dynamique en 2022. L’an dernier, les nouveaux engagements de la Banque ont totalisé 730,3 millions $, avec huit projets du secteur public et onze du secteur privé. Le nombre de projets ayant bénéficié de décaissements est passé de 53 en 2021 à 71 en 2022, marquant une hausse significative.

L’objectif de la Banque est clair : d’ici 2025, la BIDC veut mobiliser un total de 1,48 milliard USD pour le financement de 131 projets dans l’espace CEDEAO. Parmi ces projets, 85 devraient être issus du secteur privé et 46 du secteur public, pour des montants respectifs de 1 063 millions $ et 695 millions $. Si l’on fait les comptes, en seulement deux ans, alors que les institutions sont encore confrontées à des défis d’accès au financement de marché, la BIDC s’est déjà engagée sur plus d’une quarantaine de projets et semble suivre une bonne dynamique en cette année 2023.

Projets liés aux infrastructures d’interconnexion, au commerce intra-CEDEAO, à la santé, à l’éducation et à l’agriculture : l’institution de financement du développement au service des quinze Etats membres de la CEDEAO veut également dynamiser la production intérieure en finançant le commerce des biens et des services, un secteur jusqu’alors peu soutenu. Elle consacre près de 50 % de ses engagements nets aux infrastructures.

Faire face aux incertitudes 

Cependant, la BIDC doit aussi affronter des incertitudes majeures, notamment les crises socio-politiques actuelles dans la CEDEAO. Des pays tels que la Guinée, le Niger, le Mali et le Burkina-Faso représentent des zones sensibles pour la BIDC, puisque ces pays, en tant qu’actionnaires, représentent 27 % de son portefeuille d’engagements. « C’est une exposition non négligeable qui peut présenter des risques significatifs pour la BIDC », souligne un expert régional en finance. Une bonne nouvelle est que le Mali, qui représentait 4,4 % des prêts de la banque à fin 2022, a repris ses remboursements depuis que les sanctions financières de la CEDEAO ont été levées en juillet 2022. 

Les agences de notation anticipent un ralentissement de la croissance du portefeuille de prêts, ce qui, selon elles, « devrait soutenir une stabilisation du ratio de capitalisation de la BIDC à un niveau “Fort” ». Une incapacité à stabiliser ces ratios pourrait mettre la notation sous pression. Or, pour l’institution financière, dont l’objectif est de faire passer son bilan à 1,85 milliard $ d’ici 2025, « l’un des moyens d’y parvenir est de s’assurer qu’elle augmente son portefeuille de prêt, à un taux moyen de 15 % pendant les cinq ans ».  Et même si dans la dernière revue de Moody’s la BIDC a su garder sa notation financière intacte, elle doit continuer à montrer une gestion prudente et stratégique de ses ressources pour rassurer non seulement les agences de notation, mais aussi ses investisseurs et partenaires.

Ainsi, bien qu’elle ait intensifié la mobilisation des ressources sur les marchés et auprès d’autres bailleurs, les besoins croissants des Etats, amplifiés par les grands projets de développement, les menaces sécuritaires et la conjoncture économique mondiale, ainsi que la fermeture des marchés financiers mondiaux depuis 2022, restent un défi.

La Banque a mobilisé un total de 498,9 millions $, dont 194,2 millions $ sur le marché financier régional, et a réalisé des recouvrements conséquents en capital auprès des Etats membres. Le total des ressources mobilisées pour l’exercice 2022 a dépassé de 111,7 % l’objectif de la Stratégie 2025, indique Dr George Agyekum Donkor, président de la BIDC et de son conseil d’administration. Toutefois, cela sera-t-il suffisant pour faire face aux besoins ?

Doper les fonds propres

Face à ces enjeux, le capital demeure crucial. A ce jour, seuls des investisseurs régionaux ont souscrit au capital de la BIDC. En conséquence, la Banque entend ainsi travailler à « attirer des capitaux non régionaux au cours des prochaines années », convaincue que la présence des investisseurs non régionaux au capital de la Banque renforcera son image et sa notoriété sur la scène internationale, notamment auprès des agences de notation.

L’an dernier, la Banque a d’ailleurs élargi sa marge de manœuvre en décidant d’augmenter son capital autorisé de 1 milliard d’UC (1,5 milliard $) à 2,5 milliards d’UC (3,75 milliards $), une décision effective depuis le 1er janvier 2023.

Fiacre E. Kakpo





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