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Entre la France et le Maroc, les frontières de la discorde

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« Ça s’est décidé il y a tout juste un mois, secrètement, à bas bruit. Emmanuel Macron a décidé de diviser par deux le nombre de visas délivrés pour l’Algérie et le Maroc et une réduction de 30 % pour la Tunisie, c’est inédit. » Le 21 septembre 2021, il est 8 heures quand le chef du service politique d’Europe 1, Louis de Raguenel, dévoile à l’antenne le coup de semonce donné par la France aux pays du Maghreb.

« Alors que l’immigration occupe le devant de la scène politique, le chef de l’Etat le sait, il n’a plus beaucoup de temps avant la présidentielle. Et s’il veut corriger son bilan migratoire, il n’a pas d’autres choix que de prendre des décisions radicales », poursuit le journaliste, un ancien de l’hebdomadaire d’extrême droite Valeurs actuelles.

Une heure plus tard, sur la même antenne, Gabriel Attal, alors porte-parole du gouvernement, vient défendre une « décision drastique, rendue nécessaire par le fait que ces pays n’acceptent pas de reprendre ces ressortissants que nous ne souhaitons pas et que nous ne pouvons pas garder en France ». « Il y a eu un dialogue, il y a eu des menaces et aujourd’hui on met ces menaces à exécution », poursuit-il. En cause : le faible taux de délivrance, par les pays d’origine, de « laissez-passer consulaires ». Ce document de voyage permet de renvoyer dans son pays une personne dépourvue de passeport. Indispensable pour mener à bien une expulsion, il établit la nationalité de l’étranger en situation irrégulière.

Deux ans se sont écoulés depuis cette décision française, et le dossier de ce qu’il est désormais convenu d’appeler la « crise des visas » n’est toujours pas refermé. Entre le Maroc et la France, en particulier, l’épisode a parachevé la détérioration d’une relation bilatérale dense mais émaillée de soubresauts, notamment au sujet du Sahara occidental, territoire sur lequel le Maroc revendique sa souveraineté et que Paris rechigne à reconnaître.

En 2019, plus de 346 000 visas avaient été délivrés à des ressortissants du royaume chérifien (sur 420 000 demandes), ce qui en faisait le troisième pays bénéficiaire de visas, derrière la Chine et la Russie. En 2022, ce chiffre est tombé à 143 000 (moins que pour les ressortissants indiens), sous l’effet d’une augmentation des refus.

Même si cette baisse s’inscrit dans une dynamique globale de recul des délivrances de visas depuis la pandémie de Covid-19, la sanction annoncée par Paris en septembre 2021 a été vécue comme une punition au Maroc. « Comment comprendre ce qui sonne comme un désamour envers le Maroc – par ailleurs amalgamé aux autres “pays du Maghreb”, ce qui est un non-sens », s’interrogeaient des Franco-Marocains signataires d’un texte intitulé « Visavie », rendu public au lendemain de l’officialisation de la mesure de rétorsion. La ministre française des affaires étrangères, Catherine Colonna, a beau avoir annoncé à Rabat, le 16 décembre 2022, le rétablissement d’« une relation consulaire normale », la plaie reste à vif.

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