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Le Sahara occidental, litige en souffrance entre Paris et Rabat

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Le mot est clair, limpide et surtout lourd de conséquences. Quand Mohammed VI associe, en août 2022, le Sahara occidental à un « prisme » à travers lequel le royaume chérifien jugera désormais son environnement international, il faut le prendre au pied de la lettre. Aux yeux de Rabat, l’heure des prudences diplomatiques est révolue. Le moment est venu de séparer les vrais amis des faux. Dans son fameux discours, le roi a appelé les « partenaires » du royaume dont les « positions sur l’affaire du Sahara sont ambiguës » à les « clarifier ».

L’allusion vise avant tout la France, pressée de reconnaître formellement la « souveraineté » du Maroc sur l’ancienne colonie espagnole, ce territoire du grand Sud (266 000 kilomètres carrés, environ 600 000 habitants) que lui disputent les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie. Hésitant, soucieux de trouver un équilibre entre Rabat et Alger, Paris n’a pas encore franchi le pas. Cet attentisme exaspère les Marocains tout en nourrissant les tensions diplomatiques en cours entre les deux pays. Et ce d’autant que le contentieux autour des frontières sahariennes est un héritage empoisonné de la colonisation française de l’Algérie.

Là est probablement le nœud de la crise bilatérale. Les médias proches du palais le disent très explicitement. « Il y a fort à parier que si demain le président Emmanuel Macron prend la décision historique de reconnaître la marocanité du Sahara (…), le partenariat franco-marocain sera relancé sur de nouvelles bases », écrit ainsi le journal en ligne Hespress, le 25 septembre.

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La revendication des « provinces du Sud » – terminologie marocaine du Sahara occidental – est une cause patriotique sacrée au Maroc, toutes sensibilités politiques confondues. C’est du reste la « marche verte » de novembre 1975 précipitant le départ espagnol de la zone qui avait permis au roi Hassan II de restaurer sa légitimité, entachée par deux tentatives de coup d’Etat, en 1971 et 1972. Aux yeux de Rabat, qui s’est rendu maître de 80 % du territoire, la « marocanité » de ce dernier ne souffre aucune discussion en raison de « droits historiques » conférés par d’anciennes allégeances tribales.

Trump a pulvérisé l’équation

Les Nations unies considèrent toutefois que le Sahara occidental demeure un « territoire non autonome » ayant vocation à l’autodétermination. A partir de 1991, les résolutions du Conseil de sécurité prévoyaient d’ailleurs une consultation référendaire, laquelle n’a jamais vu le jour faute d’accord sur la composition du corps électoral et en raison de l’obstruction croissante du Maroc. Dans l’espoir de reprendre la main, Mohammed VI a présenté, en 2007, son plan d’autonomie avec l’active collaboration de… Paris. « J’ai vraiment mouillé ma chemise pour convaincre nos partenaires occidentaux de soutenir le plan d’autonomie marocain à une époque où la France était bien seule sur ce dossier », se souvient un ex-ambassadeur de France à Rabat. Il y a assurément quelque ironie de voir Paris, appui historique du plan royal, placé aujourd’hui sur la sellette au Maroc autour de ce litige sahraoui.

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